Cours de torture magique - ouvert du rang 1 a 30

Semaine 2, mercredi

Respire, Pollux. La peur dans les yeux du mannequin n’était pas feinte. Il était sans doute allé un peu loin. Alors quand elle crache le morceau, quand elle hurle la presqu’île d’une voix hachée, l’américain lui lâche la main. Il déteste faire ça. Se défouler dans la violence le répugne, lui donne l’impression de n’être rien d’autre qu’un sale monstre, impression qu’il ne cherchait même pas à combattre. Fais chier putain. Sa main glisse vers sa poche, et il sort sa baguette pour l’agiter en silence. Il soigne son mannequin, comme il l’avait promis. Les doigts brisés comme des bouts de bois trop secs se remettent en place en claquant. Désolé, a-t-il envie de lui dire. En foutu cinnamon roll qu’il est, il a envie de lui donner de quoi essuyer ses larmes. Il n’aime pas voir la peur dans les yeux des gens qui le regardent.

« A la presqu’île donc ? »

Son ton reste horriblement neutre. Il ne sait pas trop comment il fait ça. Vingt ans d’expérience à cacher ses émotions derrière une façade inébranlable, qui ne craquelle que quand il est soumis à une forte pression. Ça, ce n’était pas une forte pression. C’est qu’un putain de mannequin, elle est pas réelle. Ça ne l’aidera pas à dormir mieux ce soir - si tant est qu’il réussisse à dormir, cela étant. D’un geste, il se saisit d’une chaise pour la tirer vers lui, la retourner et s’asseoir dessus, bras appuyés sur le dossier, son regard calme toujours planté sur sa pauvre victime terrifiée, mais comme promis, encore en vie.

« Où, précisément, à la presqu’île ? »

Good cop bad cop. Il aurait préféré que Duchesse l’aide, mais la française s’était volatilisée. Du coup c’était à lui de se taper tout le boulot. Fatigue. On est jamais mieux servi que par soi-même, cela dit. Avec un peu de chance, le mannequin ne lui mentirait pas… Enfin, sauf si elle voulait qu’il recommence à lui péter les doigts sans état d’âme. A moins qu’il ne passe aux runes…