[SUJET 1] Comité d'accueil

Semaine 8, vendredi

Odessa et lui étaient arrivés ensemble. Depuis l’explosion du dortoir des Durmstrang, le slave s’était installé à Ilvermorny avec quelques-uns de ses camarades soigneusement triés sur le volet par les américains. Après tout, ils n’avaient pas protégé leur dortoir dans un accès de paranoïa pour laisser entrer n’importe qui la semaine d’après, hein. Cléopâtre les attendait déjà, avec le prof de tortures magiques. Quand tout le monde fut rassemblé, la directrice de Uagadou leur fit son petit speech, les informant que deux archéomages les attendaient sur place et qu’il leur était interdit de parler de l’Astronef - et comment, eh génie, on a tous une rune sur la langue - pour protéger ce secret de polichinelle. Si les mangemorts étaient déjà sur l’île, ils pouvaient bien en parler à deux random qui bossaient au fin fond de l’Afrique, hein.

L’américain hocha placidement de la tête pour accuser réception des ordres, puis il posa une main sur le fer de la pioche tandis que l’autre allait attraper dans un réflexe la main de son camarade slave. Il se fichait bien de ce que les autres pouvaient en dire. Ils transplanèrent. Et il sentit qu’il se passait quelque chose d’inhabituel avant que la pioche ne touche le sol. Cardinal est le premier à se précipiter vers les deux hommes. L’un est blessé. Le deuxième est mort, il n’y a pas de doute. Les mangemorts étaient peut-être encore là. Doucement, il se redressa légèrement tandis que son regard s’assombrissait et que ses sens s’ouvraient, comme des portes trop longtemps demeurées fermées. La chaleur extrême ne le dérangeait pas plus que ça. Dans le coin d’Amérique où il avait grandi, il faisait également très chaud, et son corps s’était habitué à très vite réguler sa température pour s’adapter en conséquence.

Laissant à d’autres d’éventuels sortilèges de protection, Pollux préféra lever les mains devant lui. Maintenant qu’il s’était découvert un potentiel grâce à Zaniah, il comptait bien en tirer profit un minimum. Ses doigts tendus dessinèrent des runes dans l’air. Ces dernières brillaient de paillettes d’or quelques secondes avant de disparaître, liées les unes aux autres par l’incantation que le brun murmurait le plus silencieusement possible pour ne pas attirer l’attention. Le bouclier protecteur qu'il érigeait autour d'eux tous ne tiendrait pas très longtemps. Quelques minutes, un petit quart d'heure, tout au plus. Juste le temps qu’il leur fallait pour stabiliser le survivant et fouiller la zone pour savoir ce que les mangemorts avaient découvert avant eux. Un carnet manquant, un instrument trop soigneusement brisé. Quelque chose. Au moins un indice…

Semaine 8, vendredi

L’américain baissa les bras. Son bouclier de runes brillait doucement autour d’eux, protection simple, mais efficace, surtout couplée aux sortilèges protecteurs du professeur. Au moins chacun a trouvé son truc à faire. Cardinal essaie de sauver l’archéomage et de lui soutirer des informations, Odessa s’assure qu’il n’y ait pas de pièges, Guinness fouille le carnet pour trouver quelque chose. Les mangemorts avaient clairement une avance monstrueuse sur eux, l’état du campement le prouvait. Il allait falloir qu’ils se battent pour récupérer les artefacts avant eux. Il ne participe pas à l’échange entre Cardinal et Guinness - le japonais n’aimerait pas l’entendre apporter son soutien froid, rationnel et sans cœur à l’anglaise. Ils avaient très peu de chances de sauver l’archéomage. Cependant, quand Cardinal se redressa pour prendre la parole, l’américain ne put tenir sa langue plus longtemps. Ils avaient délaissé les guides ? Et puis quoi encore ?

« Je n’appelle pas ça délaisser, intervint-il d’un ton calme, son regard sombre continuant d’épier les environs. Le mort l’est sans doute parce qu’il possédait beaucoup d’infos, qu’ils ont récupéré avant de le tuer. Les morts ne parlent pas. Quant à l’état du deuxième, ça envoie un message très clair à ceux qui voudraient éventuellement les suivre. »

Excellente déduction. Cardinal continuait, cependant, et ses idées étaient très bonnes. Deux archéomages, avait dit Cléopâtre. Un mort, un blessé, donc il n’y avait vraisemblablement pas de taupes parmi eux. Ils avaient donc retourné le campement pour trouver des cartes, et saccagé les lieux pour rendre difficile leur pistage. Les tentes étaient éventrés, et quelques feuillets s’échappaient des sacs répandus au sol. Il allait falloir qu’ils mettent leur chasse en pause pour savoir où chasser, histoire de ne pas partir comme des cons vers la forêt quand la grotte était peut-être ailleurs, par exemple. La forêt semblait le choix le plus logique, mais ce n’était pas pour autant qu’ils devaient y foncer. Cardinal s’imposait chef de groupe, et Pollux n’y voyait aucune objection. Pour une fois que ce n’était pas à lui de le faire, c’était plutôt plaisant. Sauf que si lui ne souffrait pas de la température, les autres suaient à grosses gouttes. Odessa avait l’air mal en point. Si le problème ne se réglait pas, les mangemorts n’auraient pas à les combattre, c’est la chaleur qui les aurait tués.

« Ok, approchez-vous. Pollux leva les mains, dessinant des symboles runiques dans l’air, les mêmes devant chaque personne. Voilà. Ça devrait aller mieux d’ici peu. Ça vous aidera à réguler la température de votre corps pour supporter aussi bien la chaleur que le froid. »

Maintenant, il allait falloir qu’ils se répartissent le travail. Guinness avait toujours le carnet de cuir, mais il y avait des sacs et des instruments de mesure. Pollux laissa ces derniers de côté, partant du principe que connaître leur utilité ne les aiderait pas à savoir l’emplacement de la grotte, surtout si les mangemorts s’étaient barrés avec les cartes des lieux. Mais les sacs ? Il y en avait pas mal par terre. Notes de recherches, textes abscons, et avec un peu de chances, quelques indices sur la localisation du site de fouilles que les mangemorts n’avaient pas vus. A leur place, j’aurais tout brûlé. Sauf si foutre le feu menaçait le site de fouilles. La forêt s’enflamme vite, surtout avec une chaleur pareille.

Se saisissant d’un sac à moitié éventré, récupérant les feuillets éparpillés autour, il se dirigea ensuite vers une table de camping stratégiquement placée sous une bâche miraculeusement intacte qui, si elle ne les protégeait pas de la chaleur étouffante, leur empêcherait au moins une insolation. Puis, en silence, il s’appliqua à consciencieusement vider le tout pour farfouiller dans les feuillets, à la recherche de quelque chose, d’une information qui pourrait leur donner une piste.