Mon père, je veux pécher. [CHARRY]

La sobriété, c’est de la merde. Tu le vis pas si bien que ça. Sevrage forcé par la mort, sevrage maintenu par les vivants qui t’entouraient. Tu le vis comme un retour de dix ans en arrière. Et ça… c’est pas agréable du tout. Mais alors pas du tout du tout. Et tandis que tes pensées s’égarent, tu t’efforces de continuer à mettre un pied devant l’autre sans trop savoir où tu vas. La serre ? Nan, on t’empêcherait d’y entrer. La réserve de King ? Nan, on te tomberait dessus aussitôt le pas de la porte franchit. Cuir moulant qui recouvre tes jambes, débardeur bien trop transparent et bien trop court sur le dos, tu traînes comme le dernier des gueux, sans réelle destination. Tes mains ont été glissées dans les poches de ta veste alors que tu attends qu’une idée géniale finisse par tomber.

Ou que ce que l’idée géniale te tombe dessus. C’était pas vraiment prévu. Tu l’as aperçu rapidement, tu l’as pas vraiment calculé. Tentative de te remettre de ta non-mort nuit à ta concentration. Mais concentration revient bien vite quand la voix de l’autre résonne, te sort de ton esprit dérangé.

Sourire met un moment avant de se former sur tes limites, il faut prendre le temps que toutes les informations te montent au cerveau. « Euh… c’est... » Tu clignes des paupières, hésites avant de laisser échapper un rire nerveux. T’es à cran, mais l’autre a réussi à te faire sourire. Ton rire n’est plus qu’un petit ricanement quand tes commissures s’étirent plus largement, mesquinerie sur la face, tu veux bien être joueur même si le tout manque de conviction. « Mon confessionnal… c’est… là..? » Tu zieutes autour de toi, cherches la porte la plus proche avant de la désigner d’un geste du menton. « Mais va falloir s'rattraper si tu veux y entrer, beau brun. » Clin d'oeil entendu, un faible gloussement t'échappe alors que t'oses pas vraiment croiser son regard.

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Paupières s’agitent, t’es déjà perdu et tu conserves maladroitement ton sourire. Presque penaud, t’as l’impression d’avoir merdé, d’avoir dit ce qu’il fallait pas. Tu déglutis alors que tu hoches le chef, lentement, trop lentement. « O-oui..? » Tu crois que t’étais sérieux en tout cas. T’es plus sûr de rien. T’es pas souvent sûr de quoi que ce soit de toute façon. Et peut-être bien que tu voudrais reculer, reprendre un peu de distance parce que lui, tu le connais pas vraiment et t’es pas sûr de toi. Tu sais pas sur quel pied danser, tu sais pas si tu dois fuir ou rester. Faudrait peut-être fuir.

Sauf que tu peux plus t’esquiver maintenant. Parce qu’il t’a déjà saisi par le col, et que si t’avais reculé, tu te serais cassé la gueule dans ces putains d’escaliers. « Je… je… c’était pas… pas fait exprès..? » Tu tournes quand même la tête, tâchant de zieuter derrière toi, comme si t’avais besoin de te regarder pour confirmer ses dires. Mais tu l’aimais bien ce cuir. Peut-être un peu trop. Et tu fais de ton mieux pour rentrer ta tête entre tes épaules, cherchant à disparaître. Tu balances entre jeu et réelle crainte. Tu peux plus vraiment t’échapper, ni même fuir son regard alors que cette fois, t’es au plus proche.

T’aimes pas vraiment perdre et t’es pas loin de ronchonner. Sourcils froncés, prêt à te défendre. Mais le contact de ses lèvres te déstabilise au possible et tu sais plus quoi dire, toujours plus désorienté alors que pourtant, t’aurais été bon joueur quelques semaines plus tôt. « O-oui, oui oui oui, d’accord, on peut... » Tête dodeline et tu zieutes une nouvelle fois vers la pièce que t’avais indiquée. Est-ce vraiment une bonne idée ? Tu soupires doucement quand il te relâche légèrement, encore plus paumé qu’au préalable. « J’suis pas très bon en quidditch, t’sais... » Oh, ça sonne presque innocent. Un murmure, une confidence qui n’a rien à foutre là. T’es loin de réellement piger ce qui vient de te tomber dessus et tu continues avec tes non-sens. Abruti jusqu’au bout.

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Tu souffles doucement quand enfin il te relâche, tâchant de remettre un peu en place ton haut. Y a pas grand-chose à remettre en place, mais quand même. Un peu de décence ça peut pas faire de mal, n’est-ce pas ? Un tout petit peu seulement. Tu te mordilles la lèvre inférieure, te recules légèrement. « Quoi..? Nan, nan, enfin si… ‘fin… je… j’prends tout. » Pas franchement habile comme formulation, t’as déjà fait mieux, mais l’autre t’as déjà perdu alors t’es plus à ça près. Parce que l’autre est vraiment en train de faire des avances et que t’as pas tant l’habitude que ça. C’est toi, le relou qui parle trop et qui enchaîne les conneries normalement.

Et tu t’arrêtes, tu fronces les sourcils alors que tu tires la tronche. T’as plus l’air d’un gamin boudeur qu’autre chose tandis que tu grognes et te renfrognes. « T’es pas obligé d’me parler comme si j’étais stupide. » Peut-être que t’es un peu vexé. Il te reste pas tant de dignité que ça, mais tout de même, faut pas abuser. T’es juste paumé, rien de plus, c’est pas ta faute. Et comme tu rentres toujours plus ta tête, optant pour une possible fuite, tu hausses les épaules. « Même que j’aurais accepté de t’emmener au confessionnal. » Tant pis si t’es chiant, c’est peut-être pas si nouveau que ça. Tu le fixes un instant, t’apprêtes à te détourner pour aller vivre ta vie ailleurs. Mais non. Fallait toujours que tu papillonnes et qu’autre chose attire ton attention.

Yeux rivés sur l’objet, t’en reviens à mâchouiller l’intérieur de ta joue sans trop savoir quoi faire. Bah alors ? T’en veux une ? Deux jours que tu tiens et la tentation est toujours sous ton nez. Tu peux pas. Pourtant t’es hésitant. Peut-être que, sur un malentendu… « C’est… c’est juste du tabac ? » Tu t’es rapproché un peu malgré toi, presque intéressé par ce qu’il pourrait avoir là. Tant pis si t’es faible.

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Prunelles se croisent à nouveau sans que t’en es réellement le choix et regard qui se voudrait meurtrier est adressé à l’autre. C’est probablement un échec, ta crédibilité n’est pas aussi développée. C’est frustrant, un peu. Beaucoup même. Grognement est échappé, faute d’une meilleure répartie. Et bien vite, tu grondes à nouveau, tires toujours la tronche parce que peut-être que t’aurais bien aimé prendre la voie du septième ciel à défaut d’être parvenu à atteindre les enfers. Une bien maigre récompense qui aurait malgré tout une plus grande valeur que le vide auquel tu faisais face depuis ton retour.

Et il abandonne. Tu crois. Tu sais pas. Tu sais plus. Il t’a perdu. Toujours. Papillon s’est approché, tombé dans les filets du sudiste. « Vrai ? » Léger sourire revient prendre place sur ta face et tu parviens même à te détendre un peu. Petite moue sur la face, l’autre est soudainement plus appréciable. Tu devrais peut-être hésiter, te dire que, peut-être c’est pas tout à fait net et qu’il faudrait te méfier. Mais non. Tu penses pas comme ça toi. Tu passes pas trop tout court. « C’est… merci. C’est gentil. » Tu souffles, ébouriffes ta tignasse alors que tu sais pas trop quoi penser du Castelo. Clope glissée dans le bec, tu restes pourtant à ses côtés sans rechigner. Baguette est dégainée, seulement le temps de quelques secondes histoire d’embraser le tabac avant de disparaître à nouveau dans tes poches. Regard plissé, tu tournes à nouveau le chef vers lui, l’observant quelques maigres instants avant de secouer la tête, pourtant tenté par la proposition. Tu prendrais n’importe quoi à vrai dire. « Je… j’ai pas le droit. Ils veulent pas que j’prenne plus fort. » Déception sur tes traits s’évapore pourtant bien vite alors que sourire en coin revient sur tes lippes, mesquin à présent que t’es plus vraiment sur la défensive, son petit jeu te revient enfin en tête. « Sauf si t’as vraiment mieux à proposer, bien sûr.. » Il était temps que tu te réveilles. « Peut-être même que si t’es sage, j’te montrerai ma chapelle. L’confessionnal, c’est bien mais pas tant qu’ça. » Bordel Sherry, dans quoi tu t’embarques encore ?

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Il est bien bon celui-là. T’es un peu déçu de pas te souvenir de son pseudonyme. T’oses pas lui demander d’ailleurs, parce que ça le vexerait peut-être un peu. Et tu veux pas le vexer. Parce que peut-être que tu l’aimes bien, le grand brun. Tu lèves un peu la tête, le fixes un long moment sans la moindre gêne ou discrétion. Ça pourrait t’aider à t’en souvenir, t’es sûr de ça. Tant pis. T’auras essayé. On verra plus tard pour découvrir tout ça. Même si le plus tôt sera le mieux.

Sauf qu’il s’éloigne et t’en es réduit à constater l’amertume d’une simple clope. Ça te paraît bien trop vide, sans aucune saveur. C’est décevant. Et l’autre en rajoute une couche, et toi tu détournes le regard. « Nan… mais c’compliqué et ils veulent pas. Et… ils veulent pas que j’crève, c’tout. » Tu grommelles, tu parviens pas à trouver une bonne explication. Est-ce qu’il y a vraiment une bonne explication à tout ça ? Si t’étais pas stupide, oui, sûrement. J’suis mort parce que j’en ai trop prit et qu’ils veulent pas qu’ça recommence et qu’on me surveille. Simple, presque efficace. Ça aurait été plus clair que tes balbutiements foireux. Mais tant pis. Parce que lui n’est jamais sage de toute manière, et ça t’arrache un petit gloussement. Toi non plus t’es jamais sage de toute manière. Alors t’as de nouveau l’audace de croiser ses prunelles, prenant le risque de t’y noyer selon ce que tu verrais. « Boaf. J’suis pas super sage non plus, t’sais ? » T’es déjà prit au piège de toute manière. T’as plus grand-chose à perdre, n’est-ce pas ?

Sauf qu’il a tout changé maintenant, le sud américain. Il sait même plus ce qu’il veut. « Mais... » Et voilà. T’es à nouveau le dernier des paumés. Parce qu’il te donne trop de signaux contradictoires, aucun d’entre vous ne facilite quoi que ce soit. « Moi j’voulais qu’on y aille au confessionnal… » C’est qu’un murmure et tu te renfrognes une nouvelle fois, chasses comme tu peux la fumée qu’il te souffle à la trogne. Tu louches un peu sur la clope au bout de tes lèvres avant d’hausser les épaules. « Peut-être bien qu’c’est toi le plus chiant en fait. » Tu tires une moue, presque déçu alors que tu te détaches de la rampe, tu fuis le contact, t’éloignes un peu, lui tournes le dos. Merde, t’as pas prévu la suite. Donc t’es planté là, tu regardes à droite puis à gauche et t’hésites. Pire couillon de l’histoire. Tu coules un regard presque penaud vers lui, comme si il allait t’aider à prendre une décision alors qu’il risque surtout de se foutre de ta gueule. Bravo Sherry, t’es le meilleur. Tu pestes, marmonnes contre toi même alors que finalement, tu te décides à bouger. Tu grimpes les dernières marchent restantes, d’un pas toujours aussi hasardeux alors que tu files tranquillement, bien parti pour papillonner dans un autre coin de l’Astronef. Et peut-être que t’accentues légèrement, très très très légèrement le mouvement de ton postérieur alors que tu t’éloignes.

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Ça t'emmerde. Ça t'emmerde vraiment. Parce qu'il est pas mal le Castel. Il est pas mal et t'es sûr que t'aurais passé un putain de bon moment en sa compagnie. Sauf qu'il est comme les autres, il comprend pas. Faut se rendre à l'évidence, y a plus personne pour te comprendre. Ou alors c'est toi. Oui, c'est clairement toi le soucis. Peut-être que t'y gagnerais plus à te tirer d'ici et à retourner attendre la mort dans un de tes trous à rats. Bordel, t'es déprimant Sherry. Tu te déprimes tout seul alors que t'as un beau sudiste qui attend qu'une seule chose derrière toi. Tu sais même pas où tu vas, t'as pas la volonté de fuir et de te cacher. Lointain est le jeu, lointaine est la tentation. T'es lunatique au possible, t'es pas capable de savoir c'que tu veux. Faudrait que tu te cognes la tête contre un mur, sûrement que ça te remettrait un peu les idées en place. Ou alors ça les dérangerait encore plus, mais t'es pas certain de pouvoir faire pire.

T'as jeté le mégot de la clope offerte, sans plus de considération. T'façon c'était pas bon. Trop fade pour toi. Mais tu commences à te résoudre, tu commences à te dire que de la saveur, y en aura plus jamais dans rien. Ancien petit addict que tu es, qui a perdu tous ses repères, tous ses moyens de se rassurer.

Tu devrais entendre les pas qui se rapprochent, peut-être te retourner, faire quelque chose, tu sais pas. Mais non. Tu divagues et t'es trop loin pour faire le lien avec ce que ça pourrait augurer. Dommage pour toi. La prise de sa main sur ton poignet, ça te ramène à la réalité. C'est brusque, rapide, imprévu. Et te voilà collé à lui. Le pays de la déprime attendra, parce que ton palpitant s'affole, oscille entre panique et excitation. Yeux grands ouverts, surprise te fait couiner comme la dernière des prudes et l'autre vient de t'extirper de ton petit monde de la meilleure manière qui soit. Contact dans le bas du dos t'aide seulement à mesurer la situation, repère des plus utiles, ancre nécessaire et bienvenue qui te maintient dans l'instant présent. Plus de dérive possible désormais. Hanches roulent doucement contre lui, t'en ronronnerais presque. Cuir te paraît plus serré qu'il ne l'était. Et son souffle au creux de ton oreille n'aide en rien. Et pourtant… et pourtant tu perds le contrôle.

T'as mordu dans ta lèvre inférieure, presque assez fort pour te faire saigner alors que tes lippes s'agitent, remuent alors que tu retiens ton souffle et ce qui pourrait s'échapper si tu lâchais prise. Porte est ouverte, pièce est vide et t'attends à peine qu'il t'ait tiré à l'intérieur pour exploser. Rire franc s'échappe. Un vrai rire. Plus vrai que jamais. Sûrement que personne ici ne t'a encore entendu rire comme ça. T'as plus de limite, tu te contrôles pas, et bordel qu'est-ce que c'est bon. Qu'est-ce que ça fait du bien. Et qu'est-ce que ça t'avait manqué. Les larmes t'ont gagné, tu peines à respirer et manques de t'étouffer à chaque instant. « P-pardon, pardon, j'te jure j'suis désolé. J'te promets, j'voulais pas- » Hilarité est de retour, tu sais pas te contenir, tu t'agrippes aux vêtements de l'autre alors que t'essayes de te calmer. Crolles sont enfouies contre son cou et t'es même pas fichu de reprendre ton souffle. Quel abruti tu es. Respiration se bloque, t'as du mal et tu profites d'un maigre instant d'accalmie pour murmurer contre sa peau. « T'sais quoi..? Pour me faire pardonner, j'te laisse... j'te laisse faire c'que tu veux avec… avec mon… moun.. moun poutit coul… » Et t'es à nouveau secoué par un rire, incapable de redevenir sérieux, incapable de te calmer. Tu t'y attendais pas à ça. T'étais pas prêt. Clairement pas prêt.

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T’es doué pour tout foirer. Très très doué même. C’est un talent caché que tu développes depuis ta plus tendre enfance. Et t’es seulement en train d’en faire la plus habile des démonstrations. Bien joué Sherry. On peut te refiler le titre de Roi des Cons sans trop de soucis maintenant. Mais bon sang, t’en as besoin. T’as besoin de rire, t’as besoin d’être libre. Les mots en portugais, tu les comprends même pas. Peut-être que tu ne les entends pas vraiment à vrai dire.

Hoquet de surprise te secoue, tu tâches de reprendre contenance, de ne plus rire. Oh. Ohohoh. Ça sent bof bon ça. Et tout va trop vite, toujours trop vite. Tu couines, lâches un gémissement de douleur alors qu’à présent, les larmes ne sont plus joyeuses. Si la chute a chassé l’air de tes poumons, le  genou sur ta poitrine t’empêche de récupérer. Tu secoues faiblement la tête, oxygène ne passe plus et tu paniques, tentes même de supplier alors qu’aucun son ne t’échappe. Yup, tu ris même plus du tout. Plus du tout du tout. T’as les yeux écarquillés, tu suffoques, pauvre ahuri que tu es, sans le moindre instinct de survie alors que tu luttes à peine pour pouvoir à nouveau respirer. Et puis après tout… tu vas faire quoi ? Rien du tout. Tu vas rien faire parce que tu sais rien faire. Tu sais pas te dégager de sa prise, tu sais pas t’échapper, tu sais pas parler. Terreur dans les prunelles, tu te demandes si il compte t’achever alors que la pression est relâchée. Tu tousses, frissons traversent ton épiderme. T’attends le moment où il choisira de t’achever. Ou un truc du genre. Tu sais pas. T’as peur. Tu fermes les yeux quand il approche sa main de ton visage, écarte une mèche. Tu te mords la lèvre inférieure, entrouvres les yeux alors que l’autre prend son temps. Mais qu’est-ce qu’il fout..?  Tu trembles, couines à nouveau quand il vient essuyer tes larmes. Et plus les secondes s’écoulent, plus t’oses soutenir son regard, l’observer en retour. Jusqu’à ce qu’un sourire se repointe. Tu détournes le regard, sans trop savoir ce que ça pourrait bien dire. Il a peut-être finalement prit une décision.

Simple pantin entre ses doigts, t’opposes pas la moindre résistance, tâches de te relever pour lui faire face. Tu gardes ton bras droit collé contre toi, parce que ça fait mal. Il aurait pu te briser sans trop se fouler. Mais il l’a pas fait. Il l’a pas fait et tu comprends pas. T’es encore tout tremblant, t’oses pas croiser ton regard, tu baisses les yeux. Maigre sourire étire tes commissures, tu inspires et cherches encore à te ressaisir. « Je.. c’est.. c’est une bonne chose, non..? » T’aimerais savoir pourquoi, t’as le regard soudainement curieux, mais t’as pas l’audace de poser la question. Tu restes là à le fixer, farouche face au brésilien.

Pupilles se fixent sur la main tendue, hésitent quand tu finis tout de même par la saisir, serrant doucement. Contact devrait t’effrayer mais au contraire, il te rassure un peu. « Sh-Sherry... » Peut-être qu’il sait déjà. Peut-être pas. Au moins, toi tu sais maintenant. Tu secoues faiblement la tête, pas très sûr de toi. Nop, tu riras pas cette fois. T’as trop peur qu’il y ait une menace déguisée, qu’il te mette au défi de recommencer à rire pour t’en faire baver à nouveau. Tu renifles, chasses les dernières larmes. Hésitation est présente, fidèle compagne qui n’aide en rien. Douceur de l’homme tranche avec ton supplice et tu te perds, déglutis alors que tu cherches quelque chose à faire. Pour lui montrer que t’es désolé, pour lui prouver que t’as compris, pour lui signifier que tu recommenceras pas. Doigts égarés dans ta chevelure parviennent presque à t’apaiser et t’as cessé de t’agiter, t’as cessé de zieuter partout avec l’espoir de trouver un échappatoire. Timide, tes iris cherchent à nouveau à croiser celles, plus sombres, de Cha. « Je- j’suis désolé, j’te jure, j’te jure j’suis désolé. » Longue inspiration est prise, le doute s’est installé mais tu continues sur ta lancée. « C’est… moi j’l’aime bien ton accent… promis, j’voulais pas... » Tu voulais vraiment pas. Mais ça avait été beaucoup plus fort que toi et t’avais clairement pas assez de volonté pour éviter ce genre de… malencontreux débordements.

Soupir t’échappe, résigné, perdu, mélange infâme du bordel résidant au creux de ton crâne. T’es pas décidé à lâcher la main de Cha Cha. Et tu te souviens que t’étais bien contre lui, avant que tu ne commettes cette grave erreur. T’étais bien et tu veux à nouveau être bien. Lentement, toujours lentement, comme si tu voulais lui laisser l’occasion de te chasser si le geste lui déplaisait. Tu ne veux plus le froisser. Tu oscilles entre crainte et fascination. Crainte face à sa réaction, fascination pour ce qui l’avait arrêté. Pour ce qui l’avait empêché de t’écraser. T’as libéré sa main, seulement pour passer tes bras autour de son corps, te serrant contre lui, logeant ton visage contre son cou, respirant son odeur quand tu tentes d’apprendre à la connaître. Lèvres effleurent sa peau et murmure s’esquive. « Tu m’emmèneras quand même au confessionnal un jour..? » Ça paraîtrait presque innocent. Mais t’as pas oublié. T’oublies pas les trucs comme ça. « J’me tromperai plus, promis. » Et tu restes plaqué contre lui, trop effrayé de le voir refuser, de le voir te rejeter sans plus de ménagement.

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Il est silencieux. Trop silencieux. Trop longtemps. Tu parles dans le vide. Ça t’angoisse. Panique menace de revenir, fuite pourrait même redevenir une option alors que t’oses même plus croiser ses iris. Le moindre regard trop appuyé pourrait sûrement être mal interprété. Tu sais pas. C’est rare que tu saches vraiment quelque chose. Mais là tu brasses du vide. T’es dans le noir complet et la seule bouée à laquelle tu peux te raccrocher représente aussi le danger principal. T’as peur d’avoir foiré, t’as peur que son sourire ne soit que carnassier, qu’il attende le bon moment pour te rendre ton état de cadavre. Le temps de faire baisser ta garde déjà faible, le temps de jouer avec toi avant de te donner le coup de grâce. Il ne te rend pas ton étreinte. Il va pas le faire. Tu sais pas. Tu t’es toi même jeté dans la gueule du loup. Dans son étreinte qui pourrait t’être mortelle. T’es plus sûr de vraiment craindre la mort de toute manière. Parce qu’elle veut pas de toi, la Mort, n’est-ce pas ? Elle t’aura pas renvoyé dans ton enfer terrestre si c’était le cas. Mais ça ne t’empêche pas de craindre les vivants. Loin de là. Tu les redoutes, les fuit un peu aussi parfois.

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