D10 (victoire de Sherry par forfait)

L'éclat des flots, l'air chaud et le sable sous les pas suffisent à le ravir. Taisent toutes les appréhensions qu'on pouvait avoir face à un tel tournoi, et l'outrage de trouver l'épave britannique pour adversaire. Violente, l'humiliation. Se retrouver face à Sherry, de tous les numéros, quand on campe étonnamment le haut du classement. Mais Soleil appelle sourire.

Il ne répond que d'une risette - brûlante - à la proposition qui se veut provocante. C'était déjà dans ses plans. Pour preuve les manches relevées au-dessus des coudes, et la chemise largement ouverte. Qu'il ne se garde à tout à fait garder que pour faire bonne mesure, tant la peau appelle les rayons, le sable et l'air marin. Il ne surveille l'autre que d'un oeil - et encore -, s'attend plus honnêtement à le voir se poser face à la mer et achever sa bouteille que réellement participer. Encore moins se prendre au jeu.

Erreur grossière s'il en est. Ça tient presque de l'habitude, de ne s'y mettre qu'à moitié dans ses duels depuis qu'il est ici. Le bois de rose est à peine attrapé que Narcisse termine le dos contre le sol chaud, privé de sa voix par le sortilège de Poudlard. Il fait bien, ça lui évite le flot d'insultes indignées qui se précipitent au bord des lèvres. L'azur étincelle, miroir qui répète, reflète l'eau marine et glisse rapidement sur l'assaillant qui ne compte pas s'arrêter là. Le sourire ne s'est pourtant pas effacé, il tient bon malgré les mots qui resteraient coincés et l'orgueil qui n'était pas préparé. Le sérieux avec lequel l'autre, d'habitude si désinvolte, se saisit de l'affrontement appelle la stupidité pour égaler.

Se redressant sur les coudes il brandit sa baguette, se concentrant rapidement sur un sortilège qui ne peut plus être qu'informulé. Moins propre, moins sûr et sûrement peu élégant. Foutus rosbeefs. Il rassemble le sable dans lequel il l'aurait d'ordinaire invité à se rouler avec lui, et surtout la bouteille qu'il a abandonnée.

Y'a plus de respect sur la plage, on est clairement dans l'abus. Poudlard râle mais ça sonne faux, il aurait mieux fait de concentrer l'attaque sur sa personne plutôt que de viser la faiblesse affichée. Poudlard rit et on n'approche pas plus de la vérité, on l'a jamais vu tenir droit si longtemps. Poudlard attaque encore et son sortilège fait mouche, toujours. Les pupilles se rétractent et l'azur se fait perçant, l'enchaînement est trop bien réalisé. Il se ramasse à nouveau mais percute à peine, trop fixé sur les compétences du sorcier. Il scrute et cherche à voir au travers, pour savoir quelle partie est chiquée. S'il triche maintenant ou jusqu'ici n'a fait que semblant. Un point pour la qualité de la prestation. Presque curieux de voir où il va s'arrêter, où il va finir par chuter, même si pour ça l'étoile se retrouve fracassée.

A propos de chute. Il lève le morceau de rose une nouvelle fois, gigotant un peu pour gagner de l'espace entre les fichues cordes. Joue encore du sable, toujours muet, pour gagner quelques instants et ainsi se libérer totalement. Curieux mais pas assez pour saccager la réputation. Numéro 2 massacré par Cinquante-Quatre ? Quoi qu'il commence à douter de la place de Sherry dans la lie de l'Astronef. Il aurait peut-être du creuser plus la question quand il l'avait sous la main. Dans son lit. Le sourire toujours placardé s'amuse à cette pensée.

Mâchoire se crispe et pupilles rougoient lorsque le vermeil se met à couler. Fausse bonne humeur envolée ne reste que surprise muette, intérêt glaçant et colère qui commence à gronder. La douleur qui pointe est accessoire, trop faible pour véritablement percer, tranche trop pour l'apprécier, elle est mise de côté sans rien laisser de plus qu'un frisson. Fureur, elle, grogne à l'unisson avec le palpitant, s'agite avec le sang qui pulse. De toutes les attaques, des multiples bravades qu'il puisse trouver celle-ci est de celles qu'orgueil ne peut tolérer, celles qui restent et qui tâchent, celles qui laissent des traces sur la peau malmenée. Il a horreur que l'on touche son corps sans y être invité ou en avoir gagné le droit par la force. Pas étonnant qu'il manque si souvent les cours de combat rapproché.

Baguette s'agite, refuse de se laisser écraser par l'attaque si vile soit-elle. Stupefix toujours informulé, agacement croissant de n'avoir pu trouver le temps de se libérer du sortilège premier. Il veut rendre le coup et faire à son tour couler l'ecarlate.

Satisfaction est divine lorsque la peau cède sous les phalanges. Corps rugit en veut encore, l'imprudence est pardonnée de le voir saigner. Un autre coup ne demande qu'à suivre, soleil est en vie, soleil finalement s'est énervé. Il a même retrouvé sa voix. Commence à savourer. Mais Poudlard s'anime avec une vivacité insoupçonnée, poigne d'acier saisit les doigts pour briser. Paupières papillonnent surprises, gémissement fend les lèvres crispées qu'il mord aussitôt avec rage. Fer perle sur la langue vite chassé. La main qui serre est dérangeante, dégoûte l'astre échauffé que l'autre peut sentir anormalement brûlant sous ses doigts. Il s'agite pour mettre fin au contact qui le répugne déjà, l'azur brille de haine qui couvre à peine l'humiliation. Colère encourage la magie qui s'anime, qui veut repousser, qui veut écraser, se libère brute qu'il espère féroce.

Doigts brûlent, cœur brûle, gorge brûle, or s'embrase. Paupières s'agitent, cils papillonnent, yeux s'écarquillent. Ça ne devait pas se passer comme ça. Il lutte comme un abruti, se tortille soumis par la poigne du numéro Quarante-Deux. Comment ? Peut-être qu'ils ont raison en fin de compte et qu'à force de railler tout ce qui est en-dessous de lui il s'est perdu. Ego tue, qu'ils disent. Perles de temps s'étire et soleil se demande vaguement s'il va s'éteindre sur le sable. Presque à la maison. Tempête n'est qu'un vague coup de vent comme l'air manque, épiderme bouillonne mais pas assez. Il tente un coup de tête en arrière mais la prise trop forte sur son cou ne fait que l'étouffer un peu plus. Remue pour écraser un pied avec le sien sans parvenir à se libérer. « A.. Assez. C'est.. C'est bon.. » Murmure honteux, murmure malheureux. Souffle supplie, prunelles aqueuses manquent de déborder. Couronne roule sur la plage qu'il faudra bien vite ramasser.