[POUDLARD] ABSINTHE N.05

Elle respire la grâce, Absinthe. Dos droit, menton relevé, il est clair que l’éducation de la demoiselle lui a offert une stature digne et charismatique. Les cheveux châtains bien souvent relevés dans un chignon duquel s’échappent quelques mèches rebelles viennent souligner une finesse inscrite sur ses traits. Et pourtant, elle reste silencieuse. Il y a ce mystère qui l’englobe Absinthe. Elle se tient en retrait, observe avec ce mutisme qui la caractérise bien alors que sous un agacement certain, elle est bien vive à perdre tout intérêt aux gens qui l’entourent. Dans ces prunelles, une méfiance certaine, un sens de l’observation qui la pousse à être raisonnée et à ne pas s’ouvrir au premier venu. Pourtant, quand elle décide finalement de faire don de son temps pour converser, tous oublient cette délicatesse pour s’étonner de l’accent bien prononcé qui s’échappe. Dans les mots d’Absinthe, ne réside pas cette douceur britannique mais l’explosion d’un accent écossais qui ne laisse personne de marbre.

Absinthe porte des robes, en toutes circonstances. Et pourtant quand les yeux glissent sur ses chaussures, il est étonnant d’apercevoir qu’à ses pieds, les souliers sont en réalité une paire de combat boots. Un style bien particulier, le rock n’roll de ses chaussures venant atténuer la douceur de cette image de première de la classe.

Il est quotidien de la voir déambuler dans les couloirs du bâtiment principal avec une pile de livres entre les bras, bien trop lourde pour elle. Il est évident que ce classement est important pour la demoiselle et qu’elle tente toujours de progresser. Cette volonté d’être la meilleure se ressentant dans son attitude. Elle se sait être excellente et sans pourtant vouloir paraître suffisante, il y a cet orgueil se lisant dans ses opalines, cette fausse modestie qui se glisse en une arabesque souriante sur son visage. Doux joyaux dont l’entretien le fait briller d’autant plus. Pourtant, quand quelqu’un ose venir lui proposer de l’aide – intellectuellement ou simplement pour l’aider à porter ses livres, cette personne se voit recevoir un regard noir et une floppée d’insulte en écossais. Visiblement, il se cacherait une véritable petite teigne derrière les traits diaphanes d’une demoiselle à l’odeur de pivoine.

Il paraitrait que certains aient déjà vu Absinthe fixer un point imaginaire, imperturbable avant de soudainement se mettre à griffonner sur ce qu’elle trouve. Ses camarades de chambrée auraient essayé d’en savoir plus. Sans succès, ces bouts de papiers disparaissant aussitôt. Etonnant pour quelqu'un qui laisse traîner ses affaires.

Il y a ces quatre longues cicatrices qui viennent orner son avant-bras droit. Personne ne sait d’où lui viennent ces étranges blessures cicatrisées. Néanmoins, certains ont noté l’amour d’Absinthe pour la viande. Bien saignante.