J'peux pas, j'ai aquasombral. [Minsk]

Odessa n'avait aucune envie d'assister à un cours de la journée. Il était encore fourbu du million d'épreuves du week-end. Et du fiasco final. Il ne connaissait pas si bien le sud africain, n'ayant échangé que quelques mots et quelques sourires au cours des trois dernières semaines. Mais il avait bien du mal à accepter sa mort. Pas lui. Pas en pleine épreuve. Pas par un membre du corps professoral. Alors, il se trainait, errait, lasse.

Ne se sentant pas capable d'être seul, il avait doucement glissé quelques mots dans l'oreille de Minsk au déjeuner. Plus les jours passaient, plus il se découvrait des points communs avec sa camarade de goûter. Il avait besoin de se rappeler la maison. La vie des ploucs de l'Est. Leurs vies.

Il était parti plus tôt, bouteille de vodka et chocogrenouilles dans un sac en kraft, quelques cigarettes magiques données par Sherry bien au chaud dans la poche. Peut-être auraient-ils dû inviter ce dernier, qui semblait étrangement motivé par ce cours. Il avait pris la direction du terrain de quidditch, espérant trouver un coin idéal pour observer. Mais la vue du terrain le choqua. Mon dieu, qu'avait-il fait à ce bout de gazon si parfait ? Pourquoi du bitume ? Du bitume à loopings ? Il avait raté un truc ? Il était pourtant certain de ne pas avoir consommer avant d'arriver.

Il sourit lorsque [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] le rejoignit et l'invita à prendre place sur sa veste, à ses côtés, les victuailles déjà déployées.

" Tu la sens la catastrophe arriver ? 15 roubles qu'il y a trois blessés à la fin du cours "

Le week-end ayant été odieusement squatté par des obligations de type scolaires et sadiques, Minsk rattrape ses heures de liberté perdues sur les heures de cours. Et ceux qui ne sont pas contents, bah.. Genre il y a des pas contents. Comme si l'assiduité de mademoiselle quarante-sept était sujet d'inquiétude. Que nenni. Alors aux heures studieuses, de technologies moldues qui plus est, elle préfère la compagnie de son camarade à la mine sombre. Elle ne peut le laisser seul à errer le petit Odessa, ce serait non assistance à personne en danger et passer à côté d'une superbe excuse pour louper les cours. Outre le fait qu'elle l'apprécie bien.

Alors la voilà qui file vers le terrain de quidditch - urg - non pas au cours de la toute nouvelle prof tout droit sortie d'Amazonie (parce que dans la tête de Minsk, oui, l'Amérique du Sud se résume à une immence forêt tropicale avec dedans des jaguars, des mayas et des camarades) mais là où son ami a décidé de poser ses fesses, soit un endroit avec vue sur tout ce qu'il se trame de sinistre (du style une femme et un Sherry à la merci d'une horde d'exécuteurs munis de flingues). Elle s'installe à côté d'Odessa, jetant un coup d'oeil dédaigneux au stade - beurk des loopings en bêtons, c'est beaucoup trop moche et en hauteur ça - ricane quand il commence à lancer les paris. "Tenu. Puis vingt roubles que Vic..." Elle le voit de loin ce kéké là, dans son uniforme de petit soldat. "Vicaire finit torse nu avant la fin." Il n'y a plus qu'à commenter la séance de tir maintenant. En mangeant des chocogrenouilles, en piquant dans la vodka. "Ils ont l'air drôlement bien équilibrés ces fusils quand même... C'est presque de la triche." qu'elle dit en décapitant une chocogrenouille d'un coup de dent. "Et explosifs aussi... T'as vu celui d'Varso ?" Et pourtant, Varsovie a l'air de savoir tirer. mais c'est parce qu'elle est slave ça, que le fusil y est inscrit au programme de l'école élémentaire.

Les paris s'enchainaient et il commençait presque à regretter de ne pas être aller en cours. Au moins, son portefeuille aurait encore été indemne à la fin de la matinée. Parier sur le fait que Vicaire finirait pas se denuder et rouler des mécaniques, c'était presque tricher. Il lui tendit la somme promise, sans même attendre que cela arrive, maugréant contre ces maudits frenchies et leurs cerveaux atrophiés.

" C'est de la triche. Dans notre jeunesse, on devait les monter avant de les utiliser, les kalash. Y a tout qui se perd ma bonne dame " lui répondit-il en versant une énième rasade du précieux breuvage. Avoir 8 ans dans les pays de l'Est, c'était vraiment une paire de manche que d'apprendre à combattre sur l'Astronef. Moins de morts, pour commencer. Plus de rigueurs. ll ne pouvait se retenir de frisonner en pensant à son maître d'école, les reprenant lorsqu'ils n'avaient pas apporter assez de soins aux manœuvres demandées. Il grimaça en voyant Varsovie. C'était ce qu'il se passait quand on ne choisit pas une arme produite dans leurs contrées. Pas assez résistante. De la camelote ricaine, sûrement.

"Attends, c'est Sherry qui s'avance là ? Il est pas sérieux... Mais oui, c'est bien cet abruti. Putain. ". Le slave hésitait entre se cacher les yeux pour ne pas voir la mort assurée de leur camarade, le Général de la Cabane. Même chez eux, on ne s'entrainait pas sur des cibles vivantes. Et pourtant, Dieu savait qu'ils pouvaient être fêlés, dans certains coins de leur grand Empire. Il hésitait entre la consternation concernant la gestion de l'Astronef tout entier et l'admiration devant une bêtise sans nom. Presque courageuse.

Sherry restait à côté de la blonde à l'air douteux. Il restait donc bien comme cible. Odessa pria entre ses dents n'importe quel pseudo-saint qu'il avait été obligé d'admirer jeune. Que quelqu'un vienne en aide au pauvre anglais. Il allait finir en charpie.

Et elle hoche la tête en riant, même que c'était les yeux fermés que fallait le faire, pour s'enfoncer encore plus loin dans le cliché. "Bon, j't'avoue, j'suis pas une vraie. J'me suis arrêtée au fusil d'chasse... Les kalash, c'est un peu trop bruyant tu vois ?" Et elle pique la bouteille de vodka à Odessa pour en faire baisser le niveau. De toute façon, maintenant qu'elle a vingt roubles, elle pourra offrir la prochaine bouteille de vodka... Quoique c'est pas comme si ils les paient vraiment, merci les contacts.

Elle s'étire, se gratte la nuque, plisse des yeux avant de les écarquiller. Oh bordel, mais qu'est-ce qu'il fout ce con ? Oui, c'est bien Sherry qui s'aligne avec la française en cheffe dans le but de jouer à la cible vivante. Sur une échelle de zéro à cent, il le situe où son masochisme latent ? Elle se reprend une gorgée de vodka, pour voir si ça ne dissipe pas sa vision. Mais non, l'anglais est bien là. "Non mais j'y crois pas..." Puis surtout, les professeures le laissent au milieu hein... Tour de la miss qui n'aime pas la vodka qui ne vise pas l'autre mariole. Tir esquivé d'un transplanage. "Ils visent bien tous quand même... Tu crois que c'est la magie qui guide leurs balles ?" Puis que Jeanne d'Arc va finir par faire des esquives à la Matrix ? "Trente roubles que la blondasse s'fait toucher en premier parce qu'elle sera occupée à sauver les miches de Sherry." Ça semble être le meilleur moyen de gagner ce petit jeu débile, de mitrailler Sherry puis de changer de cible sans prévenir... Mais bon, Minsk ne veut quand même pas qu'on le mitraille son pote. Voilà Skopje qui s'avance, la slave fronce les sourcils, ça se voit qu'il n'a pas passé sa vie avec une arme moldue entre les pattes.

Consommation excessive de vodka, paris en tout genre et discussion sur les modèles d'arme manipulés lorsqu'ils étaient enfants. Si la délégation slave semblait casser bien des mythes sur la froideur des habitants de ces contrées mystérieuses, elle répondait parfaitement à bien d'autres clichés. Il essayait d'imaginer la tête que ferait un Américain s'il les entendait. La peur Rouge qui semblait couler dans leur sang le prendrait-elle ?

Odessa rigolait. Un fusil de chasse. Aucun doute, Minsk venait d'un coin aussi paumé que le sien. Ils avaient grandi loin des montagnes de ciment qu'ils osaient appeler "Immeuble", dans une géométrie tout linéaire et spartiate, dépourvue de charmes.

"Plus de bruit mais plus de classe quand même. Le fusil de chasse, c'est bon pour nous autres campagnards. Mais s'ils veulent la vraie expérience pauvre dans l'Est, ils devraient essayer le lance-pierre fait avec ce que tu ramasses. Blessure garantie".

Cette fois-ci, le slave garda bien les trente roubles dans sa poche. Il n'était pas aussi certain que sa compatriote que la sulfureuse française sauverait leur camarade. Les professeurs, ici, n'avaient pas la même notion de danger. Ils arrivaient bien à cramer des élèves dans la forêt, pendant une compétition qui se voulait amicale. Pour se détendre, il sortit un des joints, empruntés au peut-être futur défunt et l'allume d'un coup de baguette. Il le tendit à la brune, comme une invitation au calme.

Skopje passait et c'était effectivement visible qu'il n'en avait jamais tenu avant. Parfois, il oubliait qu'ils ne venaient pas tous du monde moldu. Que certains ne l'avait pratiquement jamais côtoyé. Il en venait presque à comprendre l'utilité de ce cours. Moineau l'étonna, pressant deux fois la détente. C'était osé.

Il s’apprêtait à siffler d'admiration lorsque ce fut au tour de Vicaire. Rafales de balles et explosion. Digne du français. Tout en grâce et finesse, comme à son habitude.

"Il a vraiment un grain ce mec. Tu crois que c'est à cause du vin ? Y a rien de mieux que la vodka artisanale, tout le monde devrait le savoir..."

Ricanement aux paroles d'Odessa sur l'AK, nouvelle gorgée de vodka, nouveau paris, regard qui contemple le cours qui se déroule comme s'il s'agissait d'une émission de télé. Il manque le pop-corn remplacé par un joint. Un signe de tête en guise de merci. Le pari est perdu pour le moment, Jeanne d'Arc n'a pas été touché. Seul son cigare est tombé et c'était du fait de Vicaire, pas de Moineau qui avait tenté le coup du "j'attaque Sherry pour la diversion". Dangereux le français, et apparemment bien entraîné. "J'sais pas si c'est l'vin mais, en tout cas, lui j'veux pas le croiser sur un champ de bataille." Enfin si, dans son camp à la rigueur, mais seulement si on lui a coupé la langue auparavant. Pichenette pour faire tomber la cendre avant de refiler le joint à Odessa. L'exercice a changé, maintenant les élèves se la jouent Mario kart circuit route arc-en-ciel. En hauteur. Brrr, ça lui colle froid dans le dos. Ce n'est après tout pas le tout pas le tournois qui avait guéri le vertige, bien au contraire. Pensée à Corail à qui elle ne peut même plus en vouloir, mine un peu assombrie. Gorgée de vodka à la rescousse. "Moi j'aurai pris la moto rouge." Et elle n'aurait pas parcouru un centimètre de la piste qui grimpe. "Bon, j'paris sur la team Varsovie-Cardinal et la prof là..." Parce qu'elle se doit d'être pour sa camarade.