Angouille sous roche (Alcyone)

Jeudi semaine 8 – Et si Varsovie avait croisé Alcyone à l’infirmerie ?

Après le discours de Vivianne, Varsovie avait laissé passer un peu de temps avant de se diriger à l’infirmerie. Parce que suffisamment de personnes s’y étaient déjà précipitées pour voir comment allait Skopje. Alors elle avait attendu la fin de l’après-midi en compagnie de Zaniah, qui l’avait amicalement invitée à s’installer dans le dortoir américain. Elles avaient passé en revue l’armoire de l’astre pour remplacer les vêtements qui avaient brûlé. Désormais, Varsovie n’avait plus grand chose vraiment à elle. Son sac qu’elle avait emporté en mission, les quelques potions qu’il y avait dedans, son carnet ainsi que le grimoire paternel. Les choses les plus importantes… Sauf sa photo de famille. Alors elle avait prétexté un rendez-vous avec Minsk pour s’éclipser du dortoir américain, juste pour aller constater par elle-même l’état du dortoir slave.

En route, elle se décida à faire un détour par l’infirmerie. A cette heure-là, les visiteurs devraient être moins nombreux. Minsk lui avait confié ses craintes concernant leur compatriote slave… Mais elle avait aussi confiance en Mendeleïev, qui l’avait choisi. Alors avant d’obtenir une preuve par elle même, Varsovie ne pouvait s’empêcher d’être inquiète pour son ami. Il était en vie, c’était le plus important. Au moment d’entrer dans l’infirmerie, la slave sentit une autre présence. De dos, elle reconnut Alcyone qui était au chevet du slave. Et bien malgré elle, les sentiments de l’américain se mêlèrent aux siens. Elle fut d’abord surprise de leur intensité. Jamais elle n’avait suspecté ce genre de relations entre les deux jeunes hommes… Mais la profonde détresse de l’américain lui brisa le cœur. Peut-être serait-elle dans le même état que lui si c’était Cardinal qui se trouvait dans ce lit, et non Skopje ?

Dans ce genre de moments, Varsovie ne réfléchissait pas. Elle dégaina sa meilleure arme, à savoir ses bras pour enlacer les personnes malheureuses. Elle s’approcha, et avant même de saluer l’américain, elle le prit dans ses bras. On sous-estimait souvent le pouvoir des câlins, mais Varsovie était persuadée qu’il s’agissait d’une forme de magie. La vieille magie.

Et puis. Finalement, elle réfléchit et se rendit compte de ce qu’elle était en train de faire. Un câlin. A Alcyone. Monsieur Alcyone. Ses yeux s’écarquillèrent, et elle s’éloigna de l’américain. « Dé-dé-désolée Monsi… Oh, euh, enfin… Excusez… Excuse-moi ? » Voix hésitante, vouvoiement, regard fuyant. Un jour, elle apprendrait à réfléchir avant de faire ce genre de choses. Alors son regard dévia vers Skopje, toujours endormi. Heureusement, il n’avait pas assisté à cette scène pour le moins surréaliste. Il n’avait pas l’air de souffrir, les médicomages avaient dû faire leur travail correctement. « C’est grave, ce qu’il a ? » Après tout, ça aurait pu être pire. Il aurait pu perdre un bras, par exemple…