Sleepwalking (libre)

Elle ouvre les yeux, comme si elle n’avait pas dormi de la nuit. Brusquement, parce qu’elle n’entend plus le souffle à côté d’elle. Minsk. Même si la slave semble être rapidement passée à autre chose, Varsovie ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Comme dans ces moments-là. Elle sait que la brune marche beaucoup dans la nuit depuis quelques temps, mais ça ne la rassure pas pour autant. En une seconde, elle est debout. L’instant d’après, elle a enfilé ses chaussures. Et alors qu’elle se faufile pour prendre la porte du dortoir, elle voit qu’elle n’est pas la seule réveillée dans le dortoir des filles. Varsovie lui désigne du doigt le lit vide de Minsk, et ça suffit à lui faire comprendre. Belgrade se lève, peut-être plus pour sa conscience personnelle que pour aider la blonde.

Elles sortent du dortoir et prennent la direction des bâtiments principaux. Varsovie a une idée en tête, sûrement les cuisines. Quelle meilleure que la nourriture pouvait pousser Minsk à sortir de son lit à une heure pareille ? Alors elles contournent le bâtiment pour entrer par la porte de service. Mais elle est entrouverte, et il n’y a pas de lumière dans les cuisines. Minsk ferme toujours la porte, pour éviter que les effluves de nourriture n’attirent d’autres personnes et qu’elle doive partager sa nourriture.

Varsovie change de cap, et mue par son instinct plutôt fiable, elle entre dans le hall Est. Ici, il n’y a que des salles normalement vides la nuit. « Hominum Revelio. » Et le sortilège lui révèle bien qu’il y a quelqu’un dans le couloir qui leur fait face. « Elle est là !» Cœur léger de l’avoir retrouvée, de savoir qu’elle va bien.

Le sommeil fuit Belgrade depuis de trop longues heures. Quand Minsk s’est redressée, elle n’a pas été surprise outre mesure, quoi qu’une pensée ait traversé son esprit ; est-ce une si bonne idée de rendre une visite nocturne aux cuisines en ces temps troublés ? Et elle n’a pas été la seule de cet avis. En entendant Varsovie se lever à son tour, Belgrade n’hésite qu’un bref instant avant de la suivre. Elle n’est certes pas amie avec les deux jeunes femmes, mais leur sort ne l’indiffère pas pour autant.

D’autres trouveraient les couloirs obscurs de l’Astronef inquiétants. Pas Belgrade. Ses yeux scrutent les ombres avec curiosité, le silence presque absolu lui laissant une sensation de quiétude. Peut-être devrait-elle se lancer dans de telles expéditions plus souvent. Elle suit Varsovie, lui accordant plus de confiance que jamais, et un discret soupire de soulagement quitte ses lèvres lorsqu’elle aperçoit Minsk au bout du couloir.

Alors que les deux jeunes femmes s’approchent de la brune, Belgrade lui adresse un sourire bref mais sincère, une moue qu’on ne la voit que rarement offrir. Ce soir, plus grand chose ne sépare les slaves.

La slave adresse un large sourire à son amie. Elle est rassurée de la voir ici, même si elle aurait préféré qu’elle ne bouge pas du dortoir. Mais Minsk n’est pas une poupée de porcelaine, ni une enfant à surveiller (sauf quand elle fait des potions, parce que ça peut mal tourner). Mais bon, bien que ça ait écourté sa nuit, mais Varsovie la suivrait presque au bout du monde s’il le fallait. Enfin, pour l’instant, elle avait juste besoin de la suivre jusqu’aux cuisines et c’était bien suffisant. Elle aurait quand même bien été se recoucher, et à défaut de se rendormir elle aurait rêvassé en regardant le soleil se lever par la fenêtre. Mais vu l’heure, elles auraient les cuisines pour elles seules et ça c’était une perspective encore plus agréable que son lit. « Va pour un p’tit-dej alors, il me faudra au moins ça pour compenser les heures de sommeil perdues pour ça ! » Elle imagine déjà les pâtes de fruits dans sa bouche, accompagnées d'un bon thé brûlant. « Tu viens avec nous ? » La demande est sincère, parce que bien que Belgrade l'impressionne beaucoup, Varsovie lui est reconnaissante pour cette nuit.