DEAD END

DEAD END

Trop de choses qui se mélangent. T’es plus capable de penser correctement. L’as-tu seulement déjà été ? Sûrement que oui. Avant que tu te foutes en l'air. Avant que tu comprennes ce qu'était la guerre. Qu'es-tu devenu ? Une épave. Une carcasse dépourvue de vie. T’étais sur la bonne voie pourtant. Le calme n’a duré qu’un temps. Jusqu'à ce que la réalité ne te rattrape. Jusqu'à ce que les divins décident de te remettre face à l’horreur. Visions terrifiantes, images insupportables. Tu serres entre tes doigts osseux le tissu du haut cédé par le prince, couleur de l'équipe sportive du MACUSA sur le dos, cherchant réconfort dans cet élément devenu familier malgré toi. Et ça n’empêche pas les images de tourner en boucle. Tu peux pas t’en défaire, t’y arrives simplement pas. Larmes sillonnent presque trop paisiblement tes fossettes. À nouveau tu te retrouves désemparé. À nouveau on te perd. À nouveau t’es qu’un môme. À nouveau tu veux fuir. Plus fort hurlent les voix dans ta tête. Plus fort ricane la petite voix du diable. Plus fort supplie ta sanité. Cerveau meurtri réclame repos. Repos tu lui céderas. Parce que t’as trouvé plus fort. Plus fort qu'un simple joint, plus fort que cette bouteille de vodka délaissée dans ton sillage, pointant vaguement en ta direction. Tu t’enfonces dans les bois. Tant que le loup n’y est pas. Tant que tes démons n’y sont pas.

Ingrédients subtilisés par ci par là forment le mélange nocif effectué en cachette. Fiole salvatrice au creux de ta paume. Tu veux t’envoler. Haut. Plus haut qu'à aucun autre moment. Lâcheté qui te ronge, tu veux pas décevoir mais le choix s’impose. Tu reviendras dans quelques heures. Déboussolé, encore défoncé. Les réprimandes seront au rendez-vous. Ça, tu t’en fiches. Déception au fond des prunelles de certains sera sûrement destructrice.

Désormais, il ne suffirait que de tremper tes lèvres pour t'échapper. Pour supprimer les visions en échange d’effets indésirables. Juste quelques gouttes et tu serais libre. Plus de sang, plus de feu, plus de visages familiers meurtris. Plus rien. Juste le vide. Mais ivresse a prit possession de tes mouvements. Mieux vaut trop que pas assez. Alors tu laisses la totalité du liquide amer glisser jusque dans tes entrailles. Réveil se fera plus tard que prévu. Tant pis. Tu continues de tracer ton chemin.

Sens embrumés, le monde se met à tourner. Rapide, trop rapide, toujours plus rapide. Ta main trouve appui contre le tronc d’un arbre centenaire. Genoux qui fléchissent, heurtent le sol. Tu vois flou. Paysage qui défile. Joue contre sol humide. Oreiller de mousse comme ultime caresse. Points noirs qui dansent devant la scène. Dernière pensée va à ceux qui sauveront le monde. Tu les serreras dans tes bras plus tard. Visages se succèdent.


Rideau.

Pièce achevée.

Dernière représentation a été donnée et l'artiste n’est pas là pour saluer.

Public n’applaudira pas.

Plus jamais.

CODAGE PAR AMATIS