carabistouilles (minsk & sherry)

Peut-être bien qu'elle a oublié comment on réagit à la vision d'un cadavre à une heure indue. Peut-être bien que ça la laisse un peu de marbre parce qu'elle ne connaissait pas trop la personne. Un truc de sûr, c'est que l'ambiance que Monseigneur a instauré avec sa mort, ça lui fout les nerfs en boule. Elle lui en veut presque de ne pas avoir dégommé son assassin. L'atmosphère n'aurait pas été un remake de l'URSS sous Staline où tout le monde soupçonne tout le monde de traîtrise, Minsk n'aurait pas le ventre noué, le quart de la délégation slave n'aurait pas passé son week-end en cellule. Parce qu'en plus, il y a de la discrimination, ce qui fait que les rouges sont encore plus regardés de travers que les autres. Enfin, Minsk, elle est tranquille de ce point de vue là, on n'est soupçonnable qu'à partir d'un certain classement.

Yeux rivés sur le bout de ses chaussures un peu usées, elle suit le groupe jusqu'au lieu du cours. De quoi ? Bonne question. Elle ne sait pas, ne sait plus. Y a trop de trucs qui bourdonnent dans sa tête, puis elle n'a pas pu avaler une bouchée au petit-déj. Elle rêve de disparaître dans un nuage de fumée ou d’emplâtrer le prochain qui la bousculera. Ou de se sauver. Loin. Et là, Sherry arrive. Deus ex machina. Les yeux de Minsk se perdent sur la veste à fourrure et sa bouche se fend d'un sourire. "J'en rêve !" qu'elle répond, peut-être un rien fort, se laissant dévier de la bonne trajectoire. Et elle a les yeux qui s'illuminent à l'entente des projets de l'anglais. Enfin, elle l'imagine anglais, peut bien être gallois/écossais/irlandais qu'elle ne ferait pas la différence. Puis elle s'en fiche un peu de la nationalité de son sauveur. il lui a fait miroiter la cabane, elle le suivra jusqu'au bout du monde, c'est aussi simple que ça.

Et bientôt, ils filent comme le vent loin du bâtiment central, bâtiment que Minsk ferait bien exploser. Elle se sent presque libre quand elle se retrouve à sécher avec Sherry. Puis surtout, elle a l'impression de faire des trucs bien plus utiles. Peut-être que son jugement est un peu biaisé, hein. Mais savoir faire des cabanes, c'est le B.A.BA de la survie après tout. Même qu'elle s'y connaît un poil, style qu'il faut d'abord trouver du bois. Puis comme ils ne sont quand même pas si cons, c'est vers la forêt de l'ouest qu'ils se rendent pour cueillir des branches. Ils font même du sport avec leur conneries en fait. Du moins Minsk, parce qu'elle a un peu la flemme de sortir sa baguette, qu'elle n'aime pas trop faire de la magie à jeun puis tout un tas d'autres raisons débiles. Alors elle ramasse ce qu'il faut à la main, ne prenant rien que les bouts de bois qui ont une jolie couleur ou une forme qui lui plaît bien. "Faudra ouvrir une bouteille de vodka quand la cabane s'ra debout ! Pour repousser les mauvais esprits." Ouep, elle a des traditions aussi cheloues que le look de Sherry. Mais who cares ?

Oh ça sonne nickel de chez nickel ça, de la vodka et un joint. Sûr que la cabane sera protégée pour le millénaire à venir avec un si beau rituel. Elle hoche la tête pour montrer son accord avant d'éclater de rire. Wow, Sherry vient carrément de transformer sa journée avec son envie de cabane. Du morne, ça devient du génial. Elle a le sourire jusqu'aux oreilles alors qu'elle ramasse les branches et les entrepose de façon savante. Peut-être bien qu'ils sont catégorisés nuls les deux, mais y a pas à dire, ils ont du skills dans l'art de la cabane. Ça ressemble presque à quelque chose à la fin, alors qu'ils n'ont pas utilisé un pet de magie et ça, c'est la classe. Minsk rajoute quelques fleurs pour décorer les branches au dessus de l'entrée, enfin du trou qui sert d'entrée, avant de reculer de trois pas pour contempler leur merveille d'architecture.

Elle fait la révérence à la suite de Sherry, elle se garde de refaire l'accent pompeux, elle s'y foirerait que trop bellement. Ça ne l'empêche pas de rigoler comme une gosse avant de s'installer dans cette cabane que trop mirifique. Puis maintenant qu'ils sont assis face à face comme des sioux, elle dégaine la vodka pendant qu'il sort un genre d'équivalent de calumet de la paix. Oh, ils vont se mettre bien. Le pied de chez pied. Elle baragouine une phrase en russe, sorte de mini prière à un dieu quelconque, qu'il bénisse la vodka, la cabane et Sherry, les bases quoi avant d'ouvrir la bouteille, d'en renverser quelques gouttes sur le sol puis d'en boire une rasade. Elle la file au brun ensuite, contemplant ce qu'il a étalé par terre comme si c'était un trésor. "Oh, l'dilemme..." qu'elle répond sous le sourire mesquin. Limite elle le joue à la plouf, limite... "J'sais !" Elle prend une des bombabouses, la fait exploser dans un ricanement et, pendant que la fumée envahit les lieux, glisse un des joints entre ses lèvres, l'allumant d'un coup de baguette avant de buguer. Merde, elle n'a pas respecté la règle du "qui roule bamboule"... Mais Sherry a sa bouteille, alors ça compense, non ? Une taffe, une inhalation de la fumée magique du sorcier, un sourire de contentement. "Dis, tu me fileras ta recette ? C'est beaucoup trop génial ton truc !" Ça a même rendu un cours cool alors qu'il était parti pour être galère - frisson en repensant aux raffleurs - et ça, ça flirte avec l'exploit.

Yes, elle va avoir la recette des boules défonçantes, elle peut presque mourir en paix maintenant. Ou, à défaut de mourir, s'embrumer le cerveau à l'aide de taffes et de bouffées d'air frais. "Ohlalalala", comme le dit Sherry. D'ailleurs, si on avait signalé à la slave qu'il y aurait ce genre d'atelier cabane sur l'Astronef, elle n'y aurait jamais cru. Pourtant, la voilà avec un sourire béat et les yeux rouges sang.



"En tout cas, elle est trop chouette notre cabane !" Changement de sujet vite fait bien fait. L'heure est à la défonce, pas aux conversations sérieuses, ils referont le monde plus tard. Minsk, elle tient plus trop en place, entre la drogue et la vodka, elle a envie de bouger. Alors elle se lève, vacille un peu, se tourne vers le soleil. "On devrait faire un truc grandiose pour inaugurer notre cabane, t'sais !" Pendant que tout le monde est en cours et que personne ne les surveille.

Et les joues rougissent à cause du compliment - à moins que ça soit la faute de l'alcool. Sourire. "Comme nous tu veux dire !" Puis, dans leur parfait palais, ils pourront jouer aux petits seigneurs et faire autant de banquets qu'ils le désirent. Des banquets aromatisés à la fumée qui fait tourner la tête. Le sol n'est pas stable sous les pieds de la slave tout comme sous ceux de l'anglais. Vu qu'ils sont deux à être déséquilibrés, c'est que c'est la faute d'un tremblement de terre, cqfd. Sherry a sorti sa baguette, peut-être bien pour immobiliser le sol, peut-être bien parce qu'il a une idée de grandiose. Minsk reste pendue à ses lèvres, sourire de gamine. "Oh ouais, des feux d'artifices !" Et que ça fasse de jolis "BOUM". "Et pour trouver l'ciel, suffit d'se laisser tomber et d'lever la tête." Technique imparable, elle en fait la démonstration alors que son ami s'en va parler aux arbres. Puis elle est là, fesse dans la terre, à se marrer. "C'est dommage, il fait pas nuit, ça se verra pas trop... A moins que... Qu'est-ce qu'il y a d'visible même quand il fait pas nuit ?" Instants de réflexion avant de relever la tête vers Sherry, regard pétillant la malice.